Chaque année la SFD remet le prix Roger Assan, pour récompenser un clinicien ou chercheur de réputation internationale dont les travaux ont amené à des avancées majeures et ouvert de nouvelles voies dans la compréhension ou le traitement du diabète et des maladies métaboliques. Le Professeur Philippe Froguel succède au Pr. Pascal Ferré primé en 2016 à Lyon.

Nous avons pu assister à une conférence sur la génétique du diabète intitulé Retour vers le futur.

Il est vrai que nous avons souvent entendu des orateurs présentant le DT2 comme la conséquence de l’insulino-résistance et d’une “fatigue” des cellules β pancréatiques. Or il semble que cela ne soit pas le cas et les résultats de la recherche génétique vont dans ce sens.

Nous l’avons vu durant la plénière d’introduction, le diabète est génétiquement hétérogène.

On distingue les diabètes monogéniques dont l’origine est liée à une trentaine de gènes et ils représentent 3 à 4% et les diabètes communs (97% des diabétiques) polygéniques.

Tout est parti de travaux de recherche en 1990, sur le gène de la glucokinase car à l’époque, il pensait que le diabète était la conséquence d’un seul gène muté. Depuis, un long chemin a permis d’identifier de nombreux gènes impliqués dans les différentes formes génétiques de diabète.

Dans le cadre des diabètes monogéniques, l’analyse des gènes montre que ce sont les troubles primitifs des cellules β qui rendent diabétiques avec pour conséquence un déficit de la sécrétion en insuline.

Ces mêmes gènes donnant différents phénotypes de diabètes monogéniques dès les premiers jours de vie avec des impacts CV ou néphrologiques. 10% des diabètes précoces sont atypiques et la plupart sont monogéniques. A l’inverse, une mutation de la glucokinase qui la rend hyperglycémique n’entraine pas forcément une prise en charge thérapeutique. 80% des diabètes atypiques peuvent être élucidés en 2017 permettant un conseil génétique familial dans le cadre des diabètes monogéniques.

Ainsi les chercheurs ont édité des recommandations spécifiques pour le diagnostic des diabètes monogéniques notamment pour tout enfant diabétique avant l’âge de 6 mois (1 an).

Les diabètes monogéniques ne représentant que 3-4% des cas de diabète ; que dire de la génétique des diabètes communs ?

Il s’agit d’une maladie polygénique où interviennent des anomalies géniques et des anomalies de la séquence d’ADN (Loci).

La sécrétion de l’insuline est dépendante d’un grand nombre de gènes. De nombreux variants sont associés à la physiopathologie du diabète pour lesquelles leurs rôles et leurs localisations restent à explorer. Les dernières études montrent que ces gènes sont principalement localisés dans le pancréas et plus particulièrement au niveau des cellules β. On en retrouve également dans le foie, le tissu adipeux et le cerveau en plus petite quantité.

Une étude a montré que les anomalies de l’insulinosécrétion sont un phénomène génétiquement déterminé qui prend racine de nombreuses années, en amont de l’apparition du diabète avec une accélération du processus dans les deux ans qui précèdent.

Ainsi la génétique permet une médecine personnalisée de certains diabétiques en attendant une médecine de précision pour tous.

Le rôle de la mélatonine produite au niveau cérébral sur la sécrétion d’insuline illustre l’implication d’autres tissus sur la régulation de l’insulinosécrétion.

Les 110 à 150 gènes identifiés dans les diabètes communs n’expliquent que 15% de l’héritabilité. Où se situe donc la « matière noire » ?

Quel est l’effet de l’environnement ?

Ainsi on rentre dans le monde de l’épigénétique (modifications de l’expression des gènes et non de leur nature). L’épigénome est différend en fonction de l’organe et du tissu étudiés. On distingue ce qui est de l’inné (génétique) de ce qui est de l’acquis (épigénétique). Des études sont en cours pour identifier le rôle exact de ces facteurs environnementaux. On connait également le rôle du vieillissement au niveau de la masse grasse et du pancréas.

Une présentation riche, complexe pour un simple officinal qui nous projette dans un futur pas si lointain…

JS

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