Toxicité dermatologique des traitements anticancéreux : comment les diagnostiquer et les traiter ?

La mucite est une inflammation de la muqueuse digestive (de l’érythème à la nécrose) survenant fréquemment après une CT ou une RT (100% en ORL, plus de 40% pour les tumeurs solides et les atteintes de la moelle). La muqueuse buccale ayant un renouvellement cellulaire élevé est particulièrement concernée.

Les prédispositions sont difficiles à prévoir, mais elles ont un impact significatif sur la perte d’appétit, de poids, donc de de qualité de vie et de force vitale et par incidence sur le pronostic vital des patients (malheureusement, ce point est souvent sous-estimé par les patients et les soignants).

Elles génèrent un risque infectieux manifeste (voire de septicémie). Elles apparaissent précocément lors d’une CT (5 ou 8ème jour) et avec retard suite à RT (15 jours,) et peut persister 8 semaines après l’arrêt des traitements.

La toxicité est directe, indirecte et génère un risque de surinfection. Elle peut obliger à un arrêt de traitement toujours préjudiciable. Elle évolue en différentes phases (érythème au début, fibrose au bout de 2-3 semaines et nécrose après 6 semaines.

http://www.omedit-paysdelaloire.fr/files/00/02/42/00024206-60620e59ecc22998f348396959a048a7/mucites-20180320.pdf

Toxicité des chimiothérapies

Toxicité des thérapies ciblées

Elle est liée aux récepteurs cellulaires au niveau épithélial de la muqueuse orale.

Les candidoses opportunistes sont rares ; n’hésitez à faire ouvrir la bouche de vos patients.

Le traitement

Mais dans tous les cas, la conduite à tenir est agressive que cela soit en bain de bouche à base de bicarbonate, avec corticostéroïdes en solution, en recommandant d’utiliser une brosse à dent douce, voire des préparations particulières (glycérine, dexpanthenol, analgésique local), si besoin des bains de bouche morphiniques, traitement au laser. Un accompagnement

Récemment a été l’érythème toxique sous CT (éruption bulleuse bilatérale symétrique sur des zones de contacts, de frottement et subissant une transpiration excessive : aisselles, aines) alors que les thérapies ciblées créent plutôt une inflammation ciblée sur les zones de pression.

Elles sont traitées par corticostéroïde local de haute puissance (à mettre au frigo pour un effet froid), voire celecoxib et antitranspirant, accompagné bien sûr d’un hygiène soigneux

Les thérapies ciblées anti-PD1 qui ont révolutionnés le traitement des mélanomes métastasés sont capables de créer un rash cutané maculo-papuleux, avec prurit et vitiligo dans 40 à 60% des cas. Dans ce cas, une biopsie cutanée par le dermato-onco peut être nécessaire pour affiner le diagnostic et éliminer la possibilité d’une réaction lichenoïde. Un psoriasis peut advenir aussi. Une dépigmentation de la peau, des cils est attendue car elle est signe d’observance du traitement.

Bien sûr, d’autres toxicités sont possibles : péri ou unguéales (à bien anticiper si possible, pouvant nécessiter une chirurgie) ; une surinfection au staphylocoque doré (à traiter par un antibiotique adapté par voie orale)

A noter cette application gratuite à télécharger : « side onco skin » très utile.

Une conférence ESMO 2018  : Skin toxicity of anticancer treatments: How to diagnose, how to treat

  • Petra C. Feyer (Berlin, DE)
  • Vincent Sibaud (Toulouse, FR)

 

 

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