Une équipe californienne a réalisé une méta-analyse permettant d’apporter de nouvelles preuves d’efficacité de la médecine personnalisée dés la phase I en recherche clinique.
Les essais de phase I ont pour objectifs de définir le profil de toxicité du traitement et sa pharmacocinétique sans forcément connaitre à ce stade la dose efficace.
With a precision medicine approach, patient’s individual tumor biomarker can be used by physicians even at the earliest stage of clinical development. Results from a meta-analysis.
Une méta-analyse de 346 études de phase I incluant des thérapies ciblées a permis de montrer que les patients inclus dans le bras thérapie ciblée et chez qui une recherche préalable de marqueurs a été réalisée ont une efficacité et une durée de réponse au traitement bien supérieures par rapport aux patients n’ayant pas bénéficié d’une recherche préalable. Ces résultats devraient permettre de renforcer les arguments des médecins pour convaincre de nouveaux patients à participer aux essais de phase I afin d’en accélérer le recrutement.
En pratique pour l’officinal
Depuis ces dernières années, la cancérologie est entrée dans l’ère de la médecine de précision. La médecine de précision, également appelée médecine personnalisée, a pour objectif de proposer au patient un traitement adapté aux caractéristiques de sa tumeur. Les thérapies ciblées, l’immunothérapie sont autant d’exemples de cette approche qui cherchent à améliorer la balance bénéfice/risque des traitements. A ce jour, on comptabilise une cinquantaine de traitements spécifiques d’une cible bien précise. Pour assurer leur développement, il faut avant tout identifier à partir de la biologie et de la génomique, les cibles potentielles impliquées dans le processus tumoral. Puis développer des traitements spécifiques de la cible identifiée. Enfin, rechercher la présence de cette cible dans la population de patients susceptibles d’être traitée par le traitement grâce au développement de tests sensibles et spécifiques.
Ainsi les laboratoires se sont lancés dans la recherche de cibles potentielles, dans l’élaboration de tests biologiques, immunologiques ou bien encore génétiques en parallèle du développement clinique de nouvelles molécules. L’univers du fondamental évolue parallèlement à l’univers de la clinique et les imbrications sont multiples. C’est un cercle vertueux en constante interaction illustré par les avancées thérapeutiques récentes dans certaines localisations qui sont le résultat d’année de recherche fondamentale pour identifier de nouvelles cibles. Puis une fois, les options thérapeutiques épuisées, le fondamental reprend d’une certaine manière, la main pour trouver de nouvelles solutions. C’est un peu schématique mais cela illustre le balancier qui existe entre fondamental et clinique.
Les conséquences sont directement visibles pour tous les patients et les professionnels de santé. Ainsi, on ne parle plus d’un cancer du sein mais de sous-type de cancer du sein (récepteurs estrogènes positifs, HER 2 positifs, triple négatifs…). De même pour le cancer du poumon, le rein et bien d’autres localisations. L’efficacité même de traitements plus « classiques » comme certaines chimiothérapies ou bien hormonothérapies (tamoxifène) est dépendante de certaines modifications génétiques pouvant impacter négativement leur efficacité.
Proposer au patient un traitement adapté aux caractéristiques de sa tumeur permet d’obtenir une meilleure efficacité.
C’est également un enjeu décisif médico-économique. La médecine personnalisée a un coût pour les laboratoires en termes de recherche clinique. La médecine de précision a vocation, par définition, à réduire la population cible pouvant bénéficier d’un nouveau traitement. En conséquence, les prix des nouveaux traitements sont très élevés. Leur valeur ajoutée, pour les patients et pour les soignants n’est pas toujours au rendez-vous et le payeur doit malgré tout s’acquitter d’une prise en charge à 100% en France. Comme on peut l’imaginer, les négociations sont âpres et l’idée de rembourser les traitements uniquement dans le cas où le patient tire un bénéfice prédéfini fait son chemin…
Pour plus d’information, l’Institut National du Cancer a mis en ligne sur son site internet www.e-cancer.fr, un dossier spécifique sur la médecine de précision.
Abstract 11520 – M. C. Schwaederle et al.
JS