De nombreuses sessions ont lieu dans le cadre de symposium laboratoire. Ce matin, c’est un petit-déjeuner débat au cours duquel nous nous sommes plongés dans la santé numérique dans un domaine qui s’y prête tout particulièrement en particulier via les outils connectés.

Le fameux économiste de la santé, Claude Le Pen a ouvert la session avec un focus vers l’impact économique de la santé numérique. Il propose la définition suivante “Un ensemble hétérogène de technologies touchant au recueil, au stockage et à la diffusion électronique d’informations sur la santé et le bien-être individuel des patients et sur leurs pratiques de consommation de biens et services de santé.”

On discerne quatre grands domaines dans la santé numérique:

  • La télémédecine avec la mise en place de projets régionaux TSN “Territoire-Santé-Numérique” pour un investissement total de 120 M€ dont 80M€ financés par les pouvoirs publics. La télémédecine est quête de modèle économique.
  • Les outils connectés et applications. Un nombre pléthorique d’application fleurissent. La grande majorité d’entre-elles sont des gadgets à vocation Bien-être et sont à différencier de quelques objets connectés que l’on peut considérer comme des dispositifs médicaux évalués et validés. La limite réside dans le fait que le processus d’évaluation actuel est moins rapide que l’innovation technologique d’où l’existence d’un retard perpétuel.
  • Les bases de données médico-administratives (Big data). Ce domaine est en quête d’utilisation sécurisée dans le nouveau paradigme des données de la “vraie vie” mais quid de la confidentialité des données et de leur détournement potentiel ?
  • Les réseaux sociaux avec un lien étroit entre patients créant de vraies communautés de patient qui échange par delà les frontières avec comme unique barrière la langue.

La santé numérique a peu de risque de faire face au phénomène d’ubérisation “amateur” du fait de l’encadrement de la pratique médicale. Par contre, il y a quelques possibilités d’ubérisation “professionnel”  (SOS médecin). Au final, la santé numérique pourrait permettre par ses avancées technologiques d’avoir une revanche de la clinique sur la technique.

Quand on s’intéresse à la diabétologie, les données (Entred) supportent l’utilisation de la santé numérique.

  • 38% des patients DT1 ont un HbA1c >8%
  • 59% des patients DT2 ont un HbA1c <7% mais 15%> ont un HbA1c >8% (soit une masse de patient considérable)

La population vieillit et les diabétologues sont moins nombreux avec un focus plus particulier pour la gestion des patients DT1. On assiste à une concentration de l’offre de soins et une baisse de la démographie médicale avec pour conséquence, des difficultés d’accès aux soins. Le rôle des établissements de soins est important notamment dans certains soins primaires, avec des impératifs de coût et de qualité.

En parallèle, l’enquête mobile/connecté (2015) montre que 43.5% des pts diabétiques possèdent une tablette/smartphone contre 28% dans les autres pathologies. >40% des patients ont déjà téléchargé au moins une fois une application contre 15% pour les autres maladies. Enfin, 34% des patients >80 ans ont un smartphone. Les glucomètres arrivent en tête des outils connectés.

Le médecin spécialiste est le 1er ambassadeur de la santé mobile et connectée sachant que le pharmacien et le MG jouent un rôle important en particulier pour les patients DT2.

Globalement on peut dissocier les outils en fonction de leur capacité à communiquer:

  • Les “Apps” non communicantes
  • Les systèmes communicants remontant les données vers le médecin, retour par le soignant
    • Lecteurs glycémiques
    • Pompes…
  • Les systèmes avec interactions automatisées vers les patients + retour par le soignant (Educ@Dom, Welldoc)
  • Les systèmes mixtes

Comme nous l’avons vu, il existe beaucoup d’applications mobiles non validées (>1000 applications)

Pour le suivi des patients DT1

  • Logiciel Medtronic
  • Freestyle Libre®
  • Lecteurs connectés (Bayer lance bientôt son nouveau lecteur connecté avec application mobile et envoi des données au spécialiste)
  • Système Diabeo®

Pour le suivi des patients DT2

  • Educ@Dom (Toulouse)
    • Le patient possède un podomètre, un lecteur et une balance connectés, reliés à une tablette avec synthèse des données + tutoriels nutrition et activité physique et connexion avec diététicien/médecin

Pour le suivi du diabète gestationnel

  • myDiabby®: double portail soignant-soigné.

Quelque soit l’outil, le rôle des paramédicaux est primordial dans la gestion de l’outil et dans la relation avec le patient notamment les diététicien(nes). En effet, il est important de replacer les outils au service de la relation patient et non l’inverse.

Il existe des freins dans la pratique:

  • Informatique hospitalière
  • Formation des professionnels
  • T2A: aberration dans les maladies chroniques
  • Formation des paramédicaux spécialistes

La conclusion de l’orateur, est la nécessité pour la santé connectée de sortir de l’hôpital avec l’exemple d’un centre ambulatoire de suivi des patients DT1 à Rotterdam qui nécessiterait en France une révolution organisationnelle.

La dernière session était animé par un diabétologue libéral “Geek”. Il met d’emblée l’accent sur le fait que la santé connectée n’exclue pas. Notion d’ilot connecté. Il invite à lire l’étude sur la santé digitale qui se trouve dans Slideshare.

Selon lui, les patients n’ont pas de problème avec la confidentialité des données vu le nombre d’information qui sont partagées sur internet ou bien via les messageries non sécurisées.

Le patient DT1 est à la recherche de moins de contraintes quand le soignant se situe dans le soutien motivationnel. De nombreux outils existent:

Glooko (US), Diasend, One touch verio Flex®, Contour® Bayer (à venir), Freestyle Libre®, mon glucocompteur®, diabete gourmand, diabeo®. Il existe des jeux pour les jeunes DT1, des outils de partage de dossiers médicaux…

Le patient DT2 a plutôt besoin d’une aide à la compréhension et d’un soutien éducatif.

iPro2®, Simpl’weightwatchers®. Place de la cuisine connectée (oreillette pour analyser le rythme de mastication !!), trackers d’activité, Balances connectées/composition corporelle, e-learning.

Le rôle du pharmacien et du MG est primordial dans ce domaine. Chacun a son rôle dans le diagnostic et le conseil d’une solution connectée dans le parcours de soin du patient. Cependant cela nécessitera une bonne coordination entre les différents acteurs en s’appuyant sur le patient “motivé” pour cela.

La question du lien entre outil connecté et observance est assez simple et peu se résumer ainsi: un patient observant sera également observant avec son outil connecté et l’inverse est aussi vrai. Il ne faut donc pas penser que l’outil connecté sera une solution à l’inobservance.

Chez les sujets âgés, l’objectif est plutôt de s’assurer que le patient reste connecté pour éviter la solitude (pilulier électronique).

L’avenir est le développement d’outils autour du pied et de l’œil du diabétique, l’index glycémique des aliments…

JS