Intérêt de la racine de gingembre en supplément des traitements anti-émétiques : les dernières données – Megan Crichton

Les Nausées et vomissements chimio-induits (NVCI) représentent un des symptômes les plus stressants pour les patients. Ils font partie intégrante de la représentation que nous nous faisons de la chimiothérapie et très souvent dans les groupes de parole, le mot « vomissement » est associé au mot « chimiothérapie ».

Ils sont source de fatigue, d’anxiété et de dépression et altèrent la qualité de vie. Il réduise la prise alimentaire à l’origine de malnutrition et la prise médicamenteuse. L’usage du gingembre (Zingiber officinale) est connu depuis très longtemps pour ces vertus contre les nausées et vomissements pour le mal du transport ou bien durant les premiers mois de grossesse.

Il agit par divers mécanismes contre le stress oxydatif et l’activation des récepteurs 5HT3/NK1 au niveau gastro intestinal engendré par la chimiothérapie. De même, il contre l’effet de la chimio en réduisant l’inflammation au niveau digestif et en accélérant la vidange gastrique. Au niveau cérébral, il contrecarre l’action de la chimiothérapie sur les récepteurs muscariniques, histaminergiques et sur les récepteurs 5HT3/NK1.

L’étude a été réalisée dans deux services australiens d’octobre 2017 à décembre 2019. Il s’agit d’une étude randomisée, en double aveugle versus placebo. 103 patients ont été randomisés dans les deux bras. Les patients naifs de chimio, recevaient une chimiothérapie considérée comme moyennement (60%) à hautement émétisante sur un jour.

Des gélules standardisées de racine de gingembre ont été administrées avec une posologie de 1.2g/jour intégrant 64 mg (3%) gingerols et 20 mg (1%) de shogaols (formulation contrôlée par chromatographie haute performance).

Ainsi, le patient devait prendre au moment des repas, 1 gélule 4 fois par jour durant les 5 jours post-chimiothérapie (J0 à J4) pendant 3 cycles de chimiothérapie. Les résultats montrent que le groupe gingembre a une baisse significative de la sévérité des nausées dès le premier cycle de chimio et du délai d’apparition des symptômes. La qualité de vie est significativement améliorée dès le premier cycle et le bénéfice est maintenu après chaque cycle.

La conséquence est une baisse significative de la fatigue dû fait de la baisse des nausées par anticipation et une amélioration significative de la situation nutritionnelle des patients. A noter que la prise de gingembre est agressive pour l’estomac. Il faudra donc éviter son conseil chez des patients présentant des gastrites ou bien un reflux.

 


En pratique pour l’officinal 



Suite à la présentation de ces résultats, il est toujours tentant, dès son retour au comptoir, de proposer une complémentation par du gingembre à tous les patients ayant des nausées post-chimiothérapies. 

Cependant, plusieurs aspects sont à considérer. Comme toujours en phytothérapie, l’origine de la plante, dans le cas présent, les racines de gingembre et surtout la teneur en actif est un élément crucial pour pouvoir se situer par rapport aux résultats présentés.

Or, il va être compliqué pour nous, de se fournir avec du gingembre présentant le même profil pharmacologique. Pas sûr, non plus que nos fournisseurs soient en mesure de nous donner cette information.

Il faudra également surveiller la tolérance gastrique car nombre de patients qui utilisent le gingembre à de fortes doses présentent des gastrites nécessitant une intervention médicamenteuse.

Au final, les experts présents ne se sont pas positionnés pour son usage à ce stade malgré la qualité de l’étude. Pour en savoir plus et surtout se retrouver dans les outils disponibles en phytothérapie, voici quelques pistes qui pourraient vous être utiles au comptoir :

 

  • Memorial Sloan Kettering Cancer Center (NY). (https://www.mskcc.org)
  • NCCIH (nccih.nih.gov)
  • WHO: monographies disponibles en ligne (4 volumes)
  • American Botanical Council – Commission E
  • Hédrine – Thériaque (Herb-Drug Interaction Database en français) (https://www.theriaque.org/apps/contenu/accueil.php)

A cela on peut ajouter une base très complète, en anglais et qui nécessite un abonnement. Il s’agit de « Natural Medicines » que vous pouvez retrouver à l’adresse suivante : https://naturalmedicines.therapeuticresearch.com/