Depuis plusieurs années maintenant, l’impact des plantes sur la pharmacologie des médicaments est un épouvantail que l’on agite devant les médecins et les patients. Lequel d’entre vous n’a pas indiqué à ses patients de ne pas prendre de millepertuis ou de jus de pamplemousse avec son traitement (ciclosporine en particulier).

Oui mais … est-ce vraiment si grave, monsieur le docteur (en pharmacie) ?

Une étude de la FDA de nos amis outre–atlantique datant de 2006 présente quelques résultats qui pourrait bien vous surprendre.

Sans plus tarder, l’image qui vaut mille mots :

Drug-Drug, Drug–Dietary Supplement, and Drug–Citrus Fruit and Other Food Interactions: What Have We Learned? Shiew-Mei Huang, PhD, and Lawrence J. Lesko, PhD J Clin Pharmacol 2004;44:559-569

Ce graphique représente la variation de l’AUC de certains médicaments en fonction de la prise de jus de pamplemousse

Petit rappel : l’AUC ou Area Under the Curve (ou Aire sous la courbe dans la langue de Molière) représente l’exposition total de l’organisme à une molécule indépendamment de savoir si c’est la concentration sanguine qui change ou la durée d’exposition (t1/2), ces deux paramètre variant le plus souvent de concert.

On retrouve la classique ciclosporine dont l’AUC est augmenté de 60% mais fait plus intéressant/surprenant, l’action n’est pas homogène dans un classe pharmacologique donnée. Ainsi la pravastatine n’ est pour ainsi dire pas affectée tandis que l’AUC de la simvastatine est propulsée à + 1400% soit une exposition globale augmentée de 14 fois … autant pour le risque de rhabdomyolyse

source: référence pubmed PMID:15145962

Drug-Drug, Drug–Dietary Supplement, and Drug–Citrus Fruit and Other Food Interactions: What Have We Learned?
Shiew-Mei Huang, PhD, and Lawrence J. Lesko, PhD
J Clin Pharmacol 2004;44:559-569