J’ai débuté ce 51ème ASCO par une première session sur le thème du cancer du sein chez le sujet âgé. Pour rappel, la notion de sujet âgé en cancérologie correspond à des personnes atteintes de cancer ayant plus de 70 ans. Elle donne lieu depuis de nombreuses années à une orientation de certains oncologues vers l’oncogériatrie.

Dans la plupart des pays industrialisés, la cancérologie de la personne âgée est devenue depuis quelques années un problème majeur de santé publique. D’une part, le pourcentage des « 65-70 ans et plus » dans la population est en constante augmentation ; d’autre part, 70 % des cancers surviennent après 65 ans.

En France, sur 365 500 nouveaux cas de cancer, près de 60 % ont concerné des patients de plus de 65 ans entrainant 72 % des décès*. Les cancers les plus fréquents dans cette tranche d’âge sont par ordre de fréquence, le cancer de la prostate, les  cancers colo-rectaux, le cancer du sein et le cancer bronchique (Données INCA 2011 – oncogériatrie).

Les données épidémiologiques montrent que l’incidence et la mortalité par cancer du sein augmentent avec l’âge. Au cours du temps, la mortalité a tendance à diminuer au sein d’une même population mais de manière moins prononcée chez le sujet âgé.

Trois thématiques ont été discutées :

1 – la place de la radiothérapie, faut-il traiter ou non ?

Les résultats cliniques montrent un intérêt dans la diminution du risque de récidive du cancer au niveau du sein atteint (même sein = ipsilatéral à la différence du sein controlatéral) mais aucun avantage sur la survie globale des personnes traitées.

La balance bénéfice/risque repose d’un côté sur ce bénéfice et de l’autre sur la nécessité de faire les voyages (la radiothérapie n’étant pas toujours proche du lieu d’habitation), les effets secondaires et le coût.

Finalement, outre l’âge, ne serait-il pas plus important de prendre en compte la biologie de la tumeur ? Les cancers du sein sont divisés en différentes catégories :

  • Luminal A (Récepteurs hormonaux positifs RH+, bon pronostic 25-40%),
  • Luminal B (Récepteurs hormonaux positifs RH+, moins bon pronostic 20-25%)
  • HER2+ (Possibilité de traiter par Herceptin® – Trastuzumab – 15%),
  • Basal-like (RH-, HER2 – comprenant certains Triples négatifs – 15-18%)

En conclusion, la décision de traiter par radiothérapie se fera sur 4 critères :

  • La biologie tumorale : Luminal A versus Haut risque
  • Les comorbidités
  • L’avis du patient
  • La possibilité d’un traitement par hormonothérapie (chez les patients RH+)

2- La chirurgie

L’objectif annoncé est d’obtenir un geste le moins invasif possible tout en conservant les mêmes taux de guérison (rémission).

Les critères qui seront pris en compte par le chirurgien seront les suivants :

  • Présence de comorbidités
  • Présence de calcifications ou tumeurs multicentriques
  • HER 2 positifs
  • Taille de la tumeur (T2 >2 cm)
  • Localisation
  • Récepteurs hormonaux négatifs (RH-)

En l’absence de l’un de ces critères la décision sera tumorectomie + hormonothérapie

3- La chimiothérapie :

Globalement les données cliniques montrent que le risque de récidive est relativement faible (6%) et que la mortalité liée au cancer du sein est de 3%. Il n’y a donc pas nécessité de sur-traiter cette population de patient.

Les orateurs proposent d’utiliser en libre accès sur internet, des logiciels permettant d’estimer la survie à 10 ans de leurs patients (eprognosis.ucsf.edu/). Le clinicien tiendra compte de la situation de la maladie (métastatique ou non) car les objectifs ne sont pas les mêmes pour l’équipe soignante, de la typologie du cancer (Triple négatif – Haut risque) et du « tempo » d’évolution de la maladie.

JS